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Un chiot sauvage

par Mílciades Arévalo

¡Qu'est-ce qui insipide aurait été d'être heureux!

Marguerite Yourcenar.

Le Centre Littéraire dont je faisais partie avec quinze garçons intraitables, qui à vrai dire n’avaient lu ni les chansons bucoliques d’Inigo López de Mendoza, ni les vers de Jorge Manrique, ni le Retable espagnol, rien que des recueils de vies des saints et des sujets en rapport avec le salut des âmes, se réunissait religieusement tous les jeudis dans l’après-midi qui s’écoulait plus lentement quand je ne pouvais apercevoir la silhouette majestueuse de Lavinia qui, adossée à la fenêtre de la bibliothèque, chantait La plus belle fille de Luis Góngora y Argote ; sa voix était comme le tranchant d’une dague resplendissante.

Après plusieurs séances où j’arrivai même à penser que nous perdions notre temps, le Père Anselmo nous demanda quels étaient nos projets après la fin des activités du Centre Littéraire. Au lieu de débiter toutes les sornettes énoncées par les autres participants (poète, président de l’académie, philologue, humaniste, chercheur et même copiste du Pape), je dis seulement que je voulais connaître la mer.

Le lendemain, Roglio, un élève du centre, me confia que son but était de connaître le ciel. Je fus sur le point de rire, il y avait de quoi : il passait sa vie à nous réciter comme une hirondelle perdue les vers de Calderón de la Barca. Je lui demandai de m’expliquer son histoire, pendant que je réfléchissais à ce que je pouvais faire pour qu’il ne sombrât pas dans l’extase mystique due aux édifiantes harangues du Père Anselmo et à son verbe missionnaire.

– En priant avec ferveur, dit-il avec une certaine mesure.

– Allons parler à Lavinia pour qu’elle t’éclaire un peu. Autrement, tu vas te perdre, l’encourageai-je.

Les résultats ne furent pas conformes à mes espérances, car lorsqu’il vit Lavinia qui rangeait les livres en haut de l’échelle, il s’évanouit, la bouche bavant d’écume comme un possédé, et nous dûmes le transporter à l’infirmerie. Lorsque le père Anselmo nous vit en train d’essayer de le réanimer à l’aide de morceaux de coton imbibés d’alcool, il nous chassa comme une bande de poules, même Lavinia exhalant son parfum enivrant, et il resta seul avec Roglio, qui me confia quelques jours après qu’il était guéri, même si je ne savais pas au juste de quoi, parce qu’il était déjà vraiment fou à lier.

Le Centre Littéraire fit une pause pendant le Championnat inter-écoles de football. Pendant que les joueurs se taclaient comme des mules sur le terrain, je rendis visite à Lavinia. Elle habitait une villa si luxueuse et confortable qu’elle avait l’air du palais diocésain. Et je dis qu’elle ressemblait à ce saint lieu, parce qu’un jour le père Anselmo nous y avait emmenés pour nous présenter à l’évêque provincial fraîchement nommé, lequel après nous avoir bénis de sa révérende main parée de bagues, nous laissa gambader dans les couloirs.

Lavinia était une tentation vêtue de deuil. Elle avait le sourire frais, l’haleine chaude, la peau douce et le corps insinuant. Les bagues de ses doigts, l’éclat reluisant de son regard, le rouge violent de ses lèvres, le talon de ses chaussures et ce parfum si captivant qui l’enveloppait… Son défunt mari avait été l’un des hommes les plus riches du village, mais je ne savais même pas ce que cela signifiait dans un village où tous les habitants, pour leur plus grand malheur, étaient analphabètes.

Adalgisa, une bonne aux cheveux lisses d’un noir d’encre, les yeux noirs, le sourire tapageur et les joues barbouillées de rouge, me conduisit au salon des baies duquel on pouvait voir un jardin fleuri, la tour de l’église et les monts lointains baignés de brume.

– Madame Lavinia va venir dans une minute, me dit-elle, et elle disparut silencieusement derrière une porte de verre.

J’en profitai pour jeter un œil à la bibliothèque, cinq fois plus grande que celle de l’école. Quelle merveille ! Je n’étais rien qu’un garçon s’éveillant à peine à la lecture ; je n’avais pas encore lu Flammarion, ni À la recherche du temps perdu, ni La comédie humaine, ni Voyage au bout de la nuit, ni L’Exil et le Royaume, ni encore moins La nausée. Les poètes, comme les nains, étaient pour moi un mystère, de même que l’ont été ensuite les voyages de Rimbaud, les proverbes de Blake, le sourire de Mona Lisa, les nuits des Walpurgis, les extraits des racines chinoises… Bien des années après, j’ai connu d’autres bibliothèques, qui pouvaient avoir beaucoup plus de livres, mais qui toujours étaient vides.

– Tu vas devenir aveugle à force de lire autant, me dit Lavinia en entrant dans la salle. Elle se carra dans le canapé et nous nous mîmes à parler du Centre Littéraire et de son défunt mari, dont les cendres reposaient dans une urne de cristal sur la cheminée…

– Qu’est-ce qui t’amène ici ? me demanda-t-elle en séchant ses larmes. Je lui tendis le poème en français que j’avais écrit pendant mes heures d’oisiveté. Elle connaissait le français et le parlait avec aisance. Elle mit ses lunettes, croisa ses jambes aussi longues que la ligne du chemin de fer, et se mit à lire comme s’il se fût agi de la liste des commissions. Tantôt le ciel et la terre, l’enfer et la mer, le vent et le feu ; quand tout était la même chose sans l’être, elle me regarda, l’air surpris.

– Je comme à peine à apprendre le français, lui dis-je.

– Baisse la nuque et ne te renie pas, dit-elle. Comme je désirais écrire comme les vrais poètes, je m’agenouillai, obéissant, à ses pieds et lui demandai qu’elle fît de moi, comme à un agneau malheureux, ce qu’elle voulait. Quoi qu’elle fît pour moi, ce n’eût rien été en comparaison de l’immense respect que j’avais pour elle. Elle me paraissait maintenant trois fois plus irréelle, majestueuse et séduisante. Lavinia était belle, mais encore plus belle sans vêtements. Au moment où j’allais lui ôter sa jupe, Adalgisa dit dans mon dos :

– Le chocolat est servi.

J’aurais voulu être invisible, ou au moins être englouti par la terre, mais je ne pus que m’essuyer la bouche avec le dos de la main et m’asseoir docilement à la table, qui était abondamment garnie de fromages, de gâteaux et de petits pains beurrés.

Les élèves du Centre Littéraire devaient obligatoirement aller à la messe tous les dimanches, avec le missel et le cœur contrit, prêts à recevoir la grâce divine ou un coup de fusil comme celui que tira « Le Sept Couleurs » au mari de Lavinia à la sortie de la messe. Nous allions vers l’église quand je remarquai que Roglio n’était pas dans le rang. J’allai le chercher aux toilettes et je le trouvai au milieu d’une horrible flaque de sang. L’âme secouée, je sortis en courant pour prévenir le Censeur :

– Roglio s’est tranché les veines !

L’enterrement fut l’un des plus pompeux que j’aie jamais vu de ma vie, comme si Roglio n’eût pas été le crétin qui se suicida par crainte de tomber dans les bras de Lavinia, mais Saint Roglio en personne.

Parmi les assistants aux funérailles, il y avait la grand-mère et les petites sœurs de Roglio, le Recteur, l’Évêque, la prof de maths, le professeur Archímedes, monsieur le Maire, le Notaire, les collèges de la commune, et fermant le cortège, le commandant de police et tout son bataillon. Le sermon du Père Anselmo dura plus que l’éternité, car, incroyable mais vrai, j’entendis le train siffler trois fois, je suivis attentivement le vol d’une hirondelle autour des cyprès, et j’avalai deux chewing-gums par pur ennui.

– On se voit jeudi prochain, me dit Lavinia en sortant du cimetière, mais j’étais un poisson d’eaux lunatiques. C’est peut-être pour cela qu’au lieu de retourner au Centre Littéraire, je me consacrai à rêver à la mer, aux ports et aux villes illuminées du monde que je connaîtrais un jour.

Français : Manuela MARIÑO BELTRÁN et Yves MOÑINO

Un cachorro salvaje

¡Qué insípido hubiera sido ser feliz!

Marguerite Yourcenar.

El Centro Literario del que formaba parte con 15 chicos ríspidos, que a decir verdad ninguno había leído las serranillas de Iñigo López de Mendoza, ni las coplas de Jorge Manrique, ni el retablo español, sólo santorales y temas relacionados con la salvación de las almas, se reunía religiosamente todos los jueves en horas de la tarde, que pasaba más lenta cuando yo no podía ver la silueta majestuosa de Lavinia recostada contra la ventana de la biblioteca cantando La más bella niña de Luis Góngora y Argote; tenía una voz como el filo de una daga refulgente.

Después de varias sesiones en las que incluso yo llegué a pensar si no estaríamos perdiendo el tiempo, el cura Anselmo nos preguntó cuáles eran nuestros propósitos una vez finalizaran las actividades del centro literario. En vez de decir toda esa clase de barrabasadas que dijeron los demás integrantes (poetas, presidentes de la academia, filólogos, humanistas, investigadores y hasta copistas del Papa), yo sólo dije que quería conocer el mar.

Al día siguiente Roglio, un alumno del centro, me dijo que su meta era conocer el cielo. Estuve a punto de reírme; no era para menos: vivía recitándonos como golondrina perdida los versos de Calderón de la Barca. Le pedí que me explicara el asunto mientras se me ocurría qué podría hacer yo para que no cayera en el arrebato místico causado por las edificantes arengas del cura Anselmo y su verbo misionero.

--Rezando fervorosamente –dijo con cierta ponderación.

--Hablemos con Lavinia para que te de unas luces; de lo contrario te vas a perder –lo animé.

Los resultados no fueron los esperados, porque cuando vio a Lavinia ordenando los libros en lo alto de la escalera se desmayó echando espumarajos por la boca como un endemoniado y tuvimos que llevarlo a la enfermería. El cura Anselmo al vernos tratando de reanimarlo con copitos de algodón impregnados en alcohol, nos espantó como a una manada de gallinas, inclusive a Lavinia que aromaba el aire con su perfume de arrebato, y se quedó a solas con Roglio, quien días después me confesó que se había curado, aunque no sé exactamente de qué, porque a decir verdad ya estaba más loco que una cabra.

El Centro Literario tuvo un receso durante el Campeonato Intercolegiado de Futbol. Mientras los competidores se daban patadas como unas mulas en la cancha, fui a visitar a Lavinia. Vivía en una quinta con tantos lujos y comodidades que parecía al palacio diocesano. Y digo que se parecía al sagrado lugar porque un día el cura Anselmo nos llevó a presentarnos ante el recién nombrado obispo provincial quien, después de echarnos la bendición con su reverenda mano enjoyada, nos dejó retozar por los pasillos.

Lavinia era una tentación vestida de luto. Tenía la sonrisa fresca, el aliento cálido, la piel suave y el cuerpo insinuante. Los anillos de sus dedos, el brillo encendido de su mirada, el rojo violento de sus labios, el tacón de sus zapatos, y ese perfume tan arrebatador que la envolvía... Su difunto marido había sido uno de los hombres más ricos del pueblo, pero ni siquiera sabía qué era eso en un pueblo donde, para colmo de males, todos los habitantes eran analfabetas.

Adalgisa, una criada de pelo lacio renegrísimo, ojos negros, sonrisa escandalosa y cachetes embadurnados de rojo, me condujo a un salón desde cuyos ventanales se podía ver un jardín florido, la torre de la iglesia y los montes lejanos bañados por la neblina.

--La señora Lavinia vendrá en un minuto --me dijo y desapareció silenciosamente detrás de una puerta de cristal.

Aproveché para echarle un vistazo a la biblioteca, cinco veces más grande que la del colegio, ¡qué maravilla! Yo no era nada más que un muchacho que apenas despertaba a la lectura; todavía no había leído a Flammarion, ni En Busca del Tiempo Perdido, La Comedia Humana, El viaje al fin de la noche, El exilio y el Reino, ni mucho menos aun La Náusea. Tanto los poetas como los enanos me eran todavía un misterio como luego lo fueron los viajes de Rimbaud, los proverbios de Blake, la sonrisa de la Mona Lisa, las noches de Walpurgis, los extractos de las raíces chinas... Muchos años después conocí otras bibliotecas que podían tener muchísimos más libros pero siempre estaban vacías.

--Te vas a quedar ciego de tanto leer –me dijo Lavinia al entrar a la sala. Se arrellanó en el sofá y nos pusimos a conversar acerca del Centro Literario y de su difunto marido cuyas cenizas reposaban en una urna de cristal encima de la chimenea...

--¿Qué te trajo por aquí? –me pregunto secándose las lágrimas. Le entregué un poema en francés que yo había escrito en mis horas de holganza. Ella sabía francés y lo hablaba fluidamente. Se puso las gafas, cruzó las piernas, que eran tan largas como la línea del ferrocarril y se puso a leerlo como si se tratara de la lista del mercado. Cuando el cielo y la tierra, el infierno y el mar, el viento y el fuego; cuando todo era la misma cosa sin ser la misma cosa, se quedó mirándome sorprendida.

--Apenas estoy aprendiendo francés... --le dije.

--Agacha la cerviz y no reniegues --dijo. Como yo quería escribir como los verdaderos poetas, me arrodillé obedientemente a sus pies, y como a un infeliz cordero le pedí que me hiciera todo cuanto quisiera. Cualquier cosa que ella hiciera por mí no era nada comparado con el inmenso respeto que le tenía. Ahora me parecía tres veces más irreal, majestuosa y seductora. Lavinia era bella, pero todavía más bella sin ropa. En el momento en que me disponía a quitarle la falda, Adalgisa dijo a mis espaldas:

--El chocolate está servido.

Yo hubiese querido ser invisible o al menos que me tragara la tierra, pero lo único que hice fue limpiarme la boca con el dorso de la mano y sentarme obedientemente a la mesa, servida en abundancia de quesos, pasteles y panecillos untados de mantequilla.

Los alumnos del centro literario teníamos que ir obligatoriamente a misa todos los domingos, con el devocionario y el corazón contrito, dispuestos a recibir la gracia divina o un tiro como el que le pegó “El Siete colores” al marido de Lavinia a la salida de misa. Íbamos para la iglesia cuando noté que Roglio no estaba en la fila. Fui al baño a buscarlo y lo encontré en medio de un horrendo charco de sangre. Esa cosa me sacudió el alma y salí corriendo a avisarle al prefecto de disciplina:

--¡Roglio se cortó las venas!

El entierro fue de lo más pomposo de todos los que yo haya visto en mi vida, como si Roglio no hubiera sido el pazguato que se suicidó por temor a caer en los brazos de Lavinia sino el mismísimo san Roglio en persona.

Entre los asistentes al funeral estaba la abuela y las hermanitas de Roglio, el Rector, el Obispo, la profesora de matemáticas, el profesor Arquímedes, el señor Alcalde, el Notario, los colegios del municipio y, cerrando el cortejo, el comandante de la policía con todo su batallón. El sermón del cura Anselmo duró más de una eternidad porque, aunque parezca mentira, oí pitar el tren tres veces, seguí con atención el revoloteo de una golondrina alrededor de los cipreses y me tragué dos chicles de puro aburrimiento.

--Nos vemos el próximo jueves –me dijo Lavinia a la salida del cementerio, pero yo era un pex de aguas alunadas. Tal vez por eso, en vez volver el Centro Literario, me dediqué a soñar con el mar, los puertos y las ciudades iluminadas del orbe que conocería algún día...

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